La 8ème édition du sommet Africités, qui se tient tous les 4 ans, place la thématique de la transition au cœur de son programme : 5000 participants, des maires, des présidents de région, des responsables de l’administration centrale, des représentants du monde économique, financier et de coopération en Afrique et des ONG.
Le rôle des villes et des régions dans la réalisation de l’agenda 2030 et celle de la « Vision 2063 » de l’Afrique proposée par l’Union africaine est aujourd’hui considéré comme fondamental. Les près de 100 séances thématiques organisées lors de ce sommet, ont pour objectif de répondre aux question majeures soulevées par ces agendas, en consacrant la place incontournable de l’Afrique locale et territoriale dans la définition et la mise en œuvre des politiques et stratégies de développement, d’intégration et de coopération en Afrique.
L’Association Régions de France, au cœur du forum mondial des régions de CGLU, a eu la charge d’organiser une session fondamentale sur le thème de la transition économique et sociale, le rôle des stratégies locales alimentaires à laquelle ont participaient une quinzaine d’élu-e-s, des maires, des présidents et vice présidents de régions, de France et d’Afrique, ainsi que le ROPPA (la fédération des organisations paysannes de l’Afrique de l’Ouest représentant plus de 100 millions de paysans). Pour rappel, CGLU avec le leadership de Régions de France, a créé, avec l’appui de la Délégation pour l’action extérieure des collectivités territoriales (DAECT) du ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères (MEAE), lors du dernier sommet mondial de CGLU en 2016, une communauté de pratiques internationale réunissant les régions du monde sur le thème de la « Gouvernance territoriale, sécurité et transition alimentaires ».
Geneviève Barat, vice-présidente de Nouvelle-Aquitaine en charge de la Ruralité, du Vivre ensemble, de la Vie associative et de la Citoyenneté a présenté un programme que la région développe sur son territoire pour toute la restauration hors domicile, visant 60% de local et 20% de bio. Pour sa part, la région Grand Est conjointement avec la région marocaine de l’Orientale on toute deux présenté les 25 ans de coopération sur la question du développement rural et de la valorisation de l’agriculture locale qui prévoyait le montage d’Appellation d'Origine Contrôlée (AOC), la formation des personnes rurales à la production et à la vente, en passant par le conditionnement, valorisation des pratiques culinaires locale et éco-agro-tourisme.
Les maires de Brazzaville, de Dakar, de Kumbo au Cameroun, les villes rurales et régions marocaines et burkinabées, les départements sénégalais, les territoires béninois, camerounais, togolais et nigériens ainsi que l’Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO-Dakar) sont intervenus au cours des plus de 3 heures intenses de discussion qui se sont déroulées en deux temps : des échanges de bonne pratiques et d’expériences, puis la construction d’une alliance opérationnelle entre les collectivités africaines (CGLU-Afrique) et le Réseau des organisations paysannes et de producteurs agricoles d’Afrique de l’Ouest (ROPPA), avec l’appui du partenaire de Régions de France, RESOLIS. Un représentant du Groupe international d'experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-Food) et Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation sont également intervenus pour appuyer cette démarche.
En vue de remettre les systèmes alimentaires au cœur du développement territorial, inclusif (performances sociales), durable (performances environnementales, santé publique, emplois décents) et pluriel (identité , culture, patrimoine), en veillant donc à développer la responsabilité sociale de tous les acteurs de la chaine, les intervenants ont retenu les axes de travail suivants:
- Promouvoir l’agriculture familiale et paysanne, l’agriculture péri-urbaine, l’agriculture urbaine et le micro-jardinage en ville. Les Collectivités territoriales doivent s’engager à construire leurs stratégies alimentaires avec les paysans.
- Valoriser les produits des agricultures africaines sur les marchés urbains en privilégiant l’achat local dans les politiques d’approvisionnement et d’achats publics, dans toutes les restaurations collectives (armée, hôpitaux, écoles, etc.) et en créant des espaces au cœur des villes pour les marchés de produits locaux.
- Valoriser les produits locaux et de terroirs, accompagner les agriculteurs dans ces démarches de labélisation et de promotion.
- Protéger le foncier agricole et développer des politiques de réserves foncières.
- Développer des politiques de formation des ressources humaines des collectivités, les politiques alimentaires sont au croisement de toutes les politiques publiques.
- Soutenir l’éducation et la conscientisation des jeunes en matière de nutrition, conscientiser toute la population à la nécessité d’acheter local par des campagnes de communication régionales et nationales: Manger local, c’est capital.
- Accompagnement des jeunes ruraux, développement de formations à une agriculture innovante, à l’agro-écologie et aux TIC.
- Prioriser ces actions pour les femmes, porteuses de la sécurité alimentaire en Afrique.
- Appuyer ensemble avec les Villes intermédiaires, les Métropoles et les Régions, un plaidoyer international.
Les régions du monde CGLU-Régions et le ROPPA se sont engagés à écrire une feuille de route opérationnelle et à lancer pour 2019, une expérimentation au Burkina Faso sous la coordination de l’association Régions de France.
[Source : Valérie Nicolas, Régions de France].
- En savoir plus sur la communauté de pratique en matière de sécurité alimentaire.