Le mandat de notre mouvement centenaire est clair : il est temps de passer de la distance sociale à un monde mené par les communautés. Pour y parvenir, il est nécessaire d'approfondir le processus démocratique et la transformation des villes et des territoires. Nous devons promouvoir des actions de transformation pour assumer nos responsabilités vis-à-vis des générations futures et ne laisser personne et ni aucun territoire pour compte.
Le jeudi 22 octobre, l'expérience #CitiesAreListening s'est déroulée sous la forme d'une conversation ouverte entre María Fernanda Espinosa, présidente de la 73e Assemblée générale des Nations unies, et Dr Vasu Gounden, fondateur et directeur exécutif d'ACCORD. À cette occasion, ils ont abordé les mesures qui doivent être prises pour assurer un changement structurel dans le système multilatéral afin de passer des visions dystopiques qui découlent de la pandémie à une citopie : un monde animé par des villes pacifiques.
Emilia Saiz, secrétaire générale de CGLU, a ouvert la séance et souligné la valeur stratégique des expériences d'écoute de #CitiesAreListening. Elle a salué l'engagement de toutes les parties prenantes dans ces conversations et a appelé à la nécessité de consolider l'espace comme un espace de co-création, en impliquant les voix de nos communautés d'une manière qui permettra de renforcer notre plaidoyer auprès du système international et d'amplifier leurs voix.
« Nous proposons que #CitiesAreListening devienne le groupe de base pour donner forme à l'un des 3 pactes que nous souhaitons : le pacte pour les personnes. Nous avons besoin de préparer une nouvelle génération, de renouveler le système multilatéral basé sur des valeurs » Emilia Saiz, Secrétaire générale de CGLU
María Fernanda Espinosa a salué le travail des collectivités territoriales pendant la pandémie, qui ont bien souvent travaillé à la fois pour des objectifs à court et à long terme dans un environnement incertain. Elle a appelé à s'assurer que les gouvernements locaux et régionaux soient représentés dans les agendas universels en reliant les collectivités territoriales aux acteurs multilatéraux, et en les impliquant dans le système multilatéral.
« Nous devons reformuler les arguments, le récit et les chiffres, en faveur des gouvernements locaux. Nous devons nous engager avec le système multilatéral dans des cadres multilatéraux. Les collectivités locales et leurs associations doivent être mises en relation avec les acteurs multilatéraux ». María Fernanda Espinosa, Présidente de la 73e Assemblée générale des Nations Unies
Dr. Vasu Gounden a ouvert la voie vers la citopie, en soulignant comment elles sont basées sur de nouvelles valeurs, de justice sociale, de liberté, de respect des droits humains afin de créer de nouvelles citoyennetés et de renouveler les contrats sociaux. Les gouvernements locaux, a-t-il affirmé, sont appelés à devenir l'épicentre de la prestation de services dans cette nouvelle citopie afin de garantir des sociétés durables fondées sur la responsabilité sociale. Dr. Gounden a également fait valoir que, pour transformer la société, la représentation ne suffit pas et que pour définir l'agenda universel, il faut mener un plaidoyer fort et commun qui fasse partie intégrante de l'expérience.
« "UBUNTU" est un concept important pour mener à bien la transformation. Il s'agit d'une question d'interdépendance, d'un contrat intergénérationnel et environnemental. Si nous considérons le contrat social, nous devons aussi considérer l'interdépendance ». Dr. Vasu Gounden, fondateur et directeur exécutif d'ACCORD
Octavi de la Varga, secrétaire général de Metropolis, a coïncidé sur la nécessité de créer des villes et des sociétés fondées sur des valeurs, et a plaidé pour établir le lien entre culture, valeurs et villes, afin de construire un nouveau système de gouvernance qui ne répète pas les mêmes erreurs que celles des gouvernements nationaux.
Le débat ouvert qui a suivi a permis de recueillir le point de vue de Luz Amparo Medina, de la ville de Bogota, qui a contribué à la conversation sur les valeurs en soulignant la nécessité d'un contrat social, environnemental et de gouvernance renouvelé, pour assurer un avenir plus durable à nos communautés. Les urgences auxquelles nous sommes confronté·e·s signifient que nous ne pouvons pas nous permettre de laisser les gens en dehors de la prise de décision, a-t-elle soutenu, et il est essentiel d'introduire le concept d'attention aux personnes (« care ») dans la conversation.
Sophia Torres, de la Habitat International Coalition, a soutenu, comme plusieurs participant·e·s avant elle, que les valeurs sont essentielles, mais qu'il est également essentiel de réfléchir à la manière d'appliquer ces valeurs dans le cadre de la reconstruction après la pandémie de COVID-19, et au rôle que la prestation de services joue dans cette reconstruction.
Quelles sont les prochaines étapes de CitiesAreListening ?
Le reste de la session a été consacré aux futurs domaines d'intérêt de l'expérience #CitiesArelistening, et a été introduit par Octavi de la Varga, qui a affirmé que le système dans lequel nous vivons aujourd'hui doit être adapté aux nouveaux besoins et aux nouvelles réalités.
Jessie Post, chargée de projet à VNG International, a souligné l'impact de la COVID-19 sur la coopération au développement local, et a indiqué que trois défis principaux sont en jeu : le transfert vers un enseignement à distance, l'amélioration de nos efforts pour prendre soin des personnes et soutenir les plus vulnérables. Elle a appelé à prendre une position commune comme base de dialogue avec les gouvernements nationaux sur le rôle des collectivités territoriales dans les agendas universels.
Puvendra Akkiah, responsable du plan de développement individuel de la municipalité de eThekwini, a suggéré une session de suivi du #CitiesAreListening consacrée à l'espace ouvert (« open space ») et à la manière dont sa transformation fait partie intégrante des débats sur le développement. Il a insisté sur la nécessité d'examiner les liens entre la santé, la santé mentale et les fonctionnaires, et a montré l'importance de renforcer la confiance pour que les citoyen·ne·s puissent retourner en toute sécurité dans les espaces publics.
Laura Healy, spécialiste des politiques et du plaidoyer chez UNICEF, a exprimé le soutien du Fonds à l'initiative #CitiesAreListening. Ces échanges, a-t-elle soutenu, sont une étape pour traduire nos propositions en actions concrètes, pour s'appuyer sur les solutions qui existent déjà pour protéger les plus vulnérables.
Paula Bejarano, de la Commission du développement économique et social local, a proposé une stratégie de consultation pour faire du développement économique local la base de la reconstruction dans le cadre de l’initiative #CitiesAreListening.
Yolande Hendler, secrétaire générale de la Habitat International Coalition, a abordé ce qui fait actuellement défaut pour faire des communautés des actrices principales de l'agenda mondial : un espace pour que les réseaux de la société civile puissent mobiliser d'autres réseaux, et la capacité des agences à mettre en place les conditions permettant de responsabiliser les acteurs mondiaux. Elle a souligné comment le développement d'un partenariat entre les communautés, la société civile et les collectivités territoriales peut apporter la garantie possible d'un développement universel, grâce à des engagements pris envers la société civile et les collectivités territoriales.
Emilia Saiz a clôturé la session en soulignant que nous sommes à un moment clé pour nous réunir autour d'un récit très similaire, en veillant à préserver les agendas universels pour protéger les rêves et les aspirations de nos communautés. Elle a affirmé que s'il est important de parvenir à la table des décisions, il est à présent crucial de définir ce que nous apportons à la table.
Les expériences #CitiesAreListening vont se poursuivre avec les thèmes définis pendant la session, entre autres, et feront partie intégrante de la construction du Pacte pour les personnes afin de garantir que nos communautés soient incluses dans les décisions qui les concernent.