25 ans après la Quatrième Conférence Mondiale sur les Femmes, le processus de Beijing a déclenché une remarquable volonté politique et une visibilité au niveau mondial, en renforçant l’activisme des mouvements de femmes à travers le monde. Tant la déclaration que la Plateforme d’Action de Beijing ont agi comme un guide d’orientation et méthodologique pour l’intégration des perspectives de genre dans l’ensemble des structures et des systèmes politiques, économiques, culturels et sociaux, dans le but de parvenir à une égalité substantive grâce à l’égalité d’accès aux opportunités.
Dans le cadre du Forum Génération Égalité, la session des gouvernements locaux et régionaux intitulée « Villes et territoires à l’avant-garde d’une relance inclusive : Faire le point après 25 ans de Beijing » a abordé l’évolution du mouvement féministe et les prochaines étapes à envisager dans le but de garantir la pleine inclusion des femmes dans l’ensemble des domaines de la vie.
José Alfonso Suárez del Real, secrétaire du Gouvernement de la Ville de Mexico, a souhaité la bienvenue à toutes et tous les participant.e.s, en soulignant la manière dont l’égalité des genres et l’égalité d’accès aux opportunités sont placées « au cœur des priorités de la Ville de Mexico », et en félicitant CGLU en tant réseau pour le « grand effort de plaidoyer de CGLU en matière d’égalité des genres qui a été fondamental et nous a mené ici aujourd’hui. »
Emilia Saiz, secrétaire générale de CGLU, a mis l’accent sur le fait que Génération Égalité constitue un véritable tournant dans la défense du fait que l’égalité n’est désormais plus une option, mais bien un élément nécessaire à la relance, et a affirmé que les femmes peuvent apporter de nouvelles manières de faire de la politique ainsi qu’un nouveau municipalisme aux niveaux international, nationaux, régionaux et locaux, défendant que les gouvernements locaux peuvent jouer le rôle de catalyseur pour la participation des femmes et la formulation de politiques féministes.
[Lire l’interview de la secrétaire générale Emilia Saiz sur le pouvoir transformateur du mouvement féministe municipal ici].
María Fernanda Espinosa, conseillère UBUNTU de CGLU, membre du Groupe des femmes leaders, Voix pour le Changement et l’Inclusion et présidente de la 73ème Assemblée Générale de l’ONU, a délivré un discours d’ouverture dans lequel elle a souligné que les trois mots clefs qui permettent de définir le forum sont : action, inclusion et cocréation, et a argumenté que les appels en matière d’égalité n’avaient toujours pas été traduits en actions ou en politiques concrètes.
« Le rôle des gouvernements locaux et du municipalisme féministe représente un véritable espoir. Ils constituent un laboratoire pour améliorer la démocratie, construire des sociétés moins inégalitaires et redéfinir la valeur du public ». María Fernanda Espinosa, conseillère UBUNTU de CGLU.
Ingrid Gómez Saracibar, secrétaire chargée de l’Égalité des Genres de la Ville de Mexico, a réitéré l’engagement de sa ville envers l’égalité des genres et Génération Égalité. Elle a abordé la manière dont son gouvernement local travaille pour générer une « ville de droits » qui œuvre à mettre fin à la discrimination et éradiquer la violence, pour garantir d’en faire une ville inclusive pour les femmes et les filles.
« Si nous ne tenons pas compte des besoins et des enjeux des femmes, nous ne pouvons pas parler d’un projet d’inclusion de la ville. Parvenir à la pleine autonomie des femmes et des filles est fondamental, et la violence reste l’obstacle le plus important. » Ingrid Gómez Saracibar, secrétaire chargée de l’Égalité des Genres de la Ville de Mexico
Arnaud Ngatcha, Adjoint à la Maire de Paris, a défendu l’importance pour les hommes d'assumer leur rôle dans la lutte féministe afin de faire progresser l'égalité, et a partagé les efforts réalisés par la Ville de Paris visant à garantir l’égalité des genres au sein de son cabinet et de ses services publics.
« En politique, les femmes sont confrontées à de nombreux obstacles, tant pour accéder aux fonctions de pouvoir qu'une fois en poste. Les normes sociales et la discrimination imprègnent toutes les étapes de la vie publique. Il est nécessaire de renforcer la place des femmes dans les débats, en renforçant, entre autres, la création de caucus. » Arnaud Ngatcha, Adjoint à la Maire de Paris
Carolina Cosse, Maire de Montevideo et vice-présidente de CGLU pour l’Amérique Latine entrante, a rappelé que la pandémie a accru les écarts et a mis en lumière les problèmes structurels persistants de notre société. Elle a rappelé la nécessité de promouvoir les femmes dans la prise de décision, faisant valoir que la promotion de la participation des femmes est un outil pour garantir l'égalité et surmonter les stéréotypes et les normes sociales qui freinent les sociétés.
« La génération de l’égalité doit être une lutte sans relâche, qui nous invite à observer tous les pans de notre société et à faire pression pour plus d’égalité des genres. » Carolina Cosse, Maire de Montevideo et vice-présidente de CGLU pour l’Amérique Latine entrante.
Annie Chrystel Limbourg Iwenga, adjointe au maire de Libreville, a fait l’éloge du processus du Forum Génération Égalité, en reconnaissant que les recommandations du Forum permettront d’accélérer le travail continu de construction de l’égalité entre les femmes et les hommes. Elle a défendu la nécessité de renforcer les liens entre les gouvernements municipaux et les partenaires du développement afin de garantir des financements qui tiennent compte de la perspective de genre.
Thembisile Nkadimeng, maire de Polokwane, présidente de SALGA et coprésidente de CGLU, a attiré l’attention sur le fait que les situations de confinement ont aggravé les risques de violence et de harcèlement. Elle a ajouté que l’égalité des genres doit être au cœur de tous les processus politiques, des agendas et des mécanismes de prise de décision politique pour garantir que les femmes puissent pleinement prendre part et jouer leur rôle dans le développement.
Ana Falú, conseillère UBUNTU de CGLU en matière de genre, a mis l’accent sur le fait que les travaux de soins ont été mis au centre lors de la période de pandémie. Elle a souligné le besoin de féminiser la politique et de reconnaître le travail (souvent injustement rémunéré) des soignantes et des femmes au sein du marché du travail informel, qui ont été les plus affectées par la pandémie.
Les intervenant.e.s sont également revenu.e.s sur les liens qu’il existe entre l’égalité des genres et l’agenda environnemental : Paris a souligné que sa prochaine conférence sur la biodiversité intègrera une table ronde sur le rôle des femmes ; et la Ville de Mexico a demandé que soit reconnu le fait que le changement climatique affecte les femmes et les hommes de manière différente, et en particulier les femmes issues de milieux plus précaires.