Les 19 et 20 mars, la huitième réunion d'apprentissage entre pairs du projet Migration de ville à ville en Méditerranée (MC2CM) a réuni à Amman (Jordanie) plus de 50 représentants élus locaux et experts des villes méditerranéennes pour échanger leurs expériences sur la collecte et le traitement des données relatives aux migrations. Afin de promouvoir l'inclusion et la cohésion sociale dans leurs villes, les participants ont partagé des pratiques et des visions sur l'importance d'élaborer des politiques migratoires fondées sur des données probantes pour lutter contre les stéréotypes et les récits nuisibles.
Les villes méditerranéennes sont confrontées au double défi de garantir le droit à la ville aux nouveaux arrivants tout en préservant la cohésion sociale et en renforçant l'inclusion dans un contexte de discours hostiles et mal informés sur la migration. De plus, le manque d'outils leur permettant de mesurer l'ampleur et les caractéristiques du phénomène migratoire sur leur territoire constitue un obstacle supplémentaire. La session d'apprentissage entre pairs « Comment construire des connaissances sur la migration urbaine : outils et pratiques innovants pour faire face aux défis posés par les données » a permit d’engager un débat entre les villes participant au projet MC2CM sur les mécanismes locaux pour combler les lacunes empiriques qui entravent souvent la conception des politiques publiques adaptées au profil et aux besoins de la population.
Au cours de cinq sessions comprenant des présentations et des débats sur des questions théoriques et des études de cas, les représentants de 13 villes ont proposé des cadres d'action et débattu des mécanismes et des outils pour les mettre en œuvre. A cet égard, l'accent a été mis sur l'importance d'aligner les indicateurs locaux et mondiaux, l'exactitude, l'actualité et la comparabilité étant des caractéristiques essentielles des données pertinentes pour l'élaboration de politiques fondées sur des données factuelles. En outre, les participants ont convenu de l'importance de créer des espaces de confiance et des structures d'accueil adéquates pour faciliter l'accès aux nouveaux arrivants, quelle que soit leur situation juridique. Dans cet esprit, l'importance de la mise en place de systèmes de collecte d'informations géographiques et la pertinence de l'aménagement urbain en faveur de la cohésion sociale ont également été soulignées.
Les représentants de Bilbao, Gaziantep, Oujda, Rabat, Ramallah, Vienne et de l'Association des Communes et Villes Unies du Cameroun (CVUC) ont présenté sept pratiques qui ont permis aux participants de se rapprocher des réalités concrètes de la gestion des données dans ces villes, tout en présentant leur vision des dynamiques en cours dans leurs propres municipalités. Par ailleurs, conformément aux objectifs de la deuxième phase du projet MC2CM, une séance de travail a été organisée sur l'identification d'indicateurs pour évaluer la mise en œuvre de certaines des recommandations convenues dans la première partie du projet par les villes du réseau. Les participants ont également entendu parler de l'Observatoire urbain d'Amman, un département de la capitale jordanienne qui s'occupe de l'élaboration des indicateurs urbains.
Dans un autre ordre d'idées, une délégation de villes tunisiennes composée des représentants de Sfax et de Sousse a assisté à une séance de transfert le 21 mars pour s'informer en détail sur diverses initiatives locales de la municipalité du Grand Amman (GAM) dans le but d'ouvrir des voies pour les reproduire dans leurs villes. A cet égard, la délégation a eu l'occasion non seulement d'explorer la stratégie de résilience d'Amman et plusieurs projets de planification urbaine participative, mais aussi de visiter l'hôtel de ville et le centre communautaire Hashmy Janoubi. Ils y ont pu observer de première main le travail du Comité international de Secours (IRC, par ses sigles en anglais) en faveur de la cohésion sociale à travers des activités destinées aux citoyens locaux et aux réfugiés.
La prochain réunion du projet MC2CM, qui se tiendra à Sfax fin juin 2019, portera sur les mécanismes de coopération entre les autorités locales et la société civile dans le domaine des migrations.
A propos du projet MC2CM
Le projet MC2CM vise à améliorer l'inclusion et l'intégration des migrants au niveau des villes de la région sud de la méditerranée, notamment par l'accès aux droits humains. Le projet MC2CM a été lancé en février 2015 pour une phase de trois ans. Il est dirigé par le Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD) et CGLU et ONU-Habitat comme partenaires du projet.
Le projet est entré dans sa deuxième phase (2018-2021), au cours de laquelle les villes useront de leur position unique pour améliorer les avantages de la migration, aux niveaux local et national.