Mobiliser les parties prenantes et les associations, coopérer avec les autorités centrales pour élaborer des plans d’action, rendre les informations plus accessibles. Dans le cadre de l'initiative City-to-City Migration Talks présentée par Mediterranean City-to-City Migration (MC2CM), projet financé par l'Union européenne et cofinancé par l'Agence suisse pour le développement et la coopération nous avons interviewé Imen Ouardani, Vice-Maire de la Ville de Sousse, pour discuter de la réponse de la ville à la pandémie de COVID-19.
« La municipalité de Sousse a été à la fois active et proactive face à la pandémie en prenant des contre-mesures avant même que le gouvernement central n’agisse », a déclaré Ouardani, qui préside aussi la Commission pour l'égalité et l'égalité de chances entre les hommes et les femmes. Trouver des solutions rapides et adaptées pour ses habitants a été la priorité pour la ville de Sousse, qui a coopéré aux côtés des directions régionales et des riverains pour mettre en œuvre des mesures en faveur des migrants, des réfugiés et des demandeurs d'asile. Faire face à une épidémie, en fait, nécessite à la fois rapidité et agilité, et cela est encore plus vrai lorsque des groupes vulnérables sont en danger.
La mise au point avec le comité local fournissant une assistance sociale à ces publics a été d'une importance capitale pour limiter l'impact de la pandémie sur les communautés parmi les plus touchées par une telle crise. « Afin de protéger les communautés vulnérables, la Ville de Sousse a lancé un programme global d'accompagnement en synergie avec les différents acteurs de la région, dans le but de coordonner les efforts avec le comité local d'assistance sociale aux migrants, réfugiés et demandeurs d'asile - ajoute Ouardani -. Ce comité a mis en commun ses ressources pour répondre à leurs besoins pressants, sous le slogan Supportive Sousse ». Colis alimentaires, soutien financier, soins médicaux et psychologiques ont été parmi les principales mesures prises.
Un effort considérable a également été fait en matière de communication. La Ville de Sousse a choisi non seulement de publier toutes les informations pertinentes en français et en arabe, mais aussi de travailler en synergie avec des organisations œuvrant avec les communautés de migrants au quotidien, pour surmonter les barrières linguistiques et rendre les informations sur la crise de la COVID-19 plus accessibles. « Les migrants font plus confiance à leur propre communauté, que ce soit dans la vraie vie ou virtuellement », a suggéré Ouardani.
Sousse a su mobiliser les parties prenantes et les associations pour répondre aux besoins des migrants mais aussi aider dans d'autres domaines pertinents, comme celui de la santé, ainsi que dans le monitorage du respect des mesures mises en œuvre par les villes et les municipalités. « La demande a dépassé les limites des services de santé et sociaux, mettant ainsi en péril leur capacité à fournir des services de base aux groupes vulnérables - a déclaré Ouardani -. Les associations ont joué un rôle clé pour assurer le succès de nos efforts ».
De nombreuses leçons apprises, mais aussi de nombreux projets sur la table pour les mois à venir. La Ville de Sousse souhaite maintenant créer un bureau d'accueil pour informer et orienter les communautés de migrants. Pour favoriser la coopération, parmi les initiatives que Sousse voudrait mettre en œuvre, il y a aussi un observatoire de la migration qui groupe tous les acteurs locaux travaillant avec les migrants. La désinformation et la discrimination nécessitent également une attention particulière selon Ouardani, ainsi que « préparer une stratégie d'intégration économique des migrants et notamment des travailleurs en situation irrégulière » et faire le plaidoyer pour trouver une solution afin de régulariser leur séjour et leur permettre de s'intégrer pleinement dans la vie économique.
Le partage d'expériences et de savoir-faire avec les autres villes du réseau a été très important pour mieux encadrer ces actions. « Le projet MC2CM - ajoute Ouardani - nous a permis d'améliorer et d’impulser le dialogue entre les villes à travers l’échange de bonnes pratiques et en renforçant nos compétences en matière de dialogue multi-niveaux, que ce soit verticalement ou horizontalement ».