La table ronde des gouvernements locaux et régionaux qui s’est tenue au 10ème Forum urbain mondial a été un moment fort pour notre mouvement : elle a été l’occasion d’échanges directs entre des maires, des ministres et des représentants d’Etats de haut niveau pour avancer dans la réflexion sur le multilatéralisme.
En deux temps, les participants ont débattu de l’état de la gouvernance dans leurs pays respectifs et de la façon de progresser vers une meilleure compréhension et la transformation de la gouvernance multi-niveaux.
Plus de 10 représentants ministériels, de l'Afghanistan au Botswana, de l'Équateur à la Malaisie, ont échangé avec des maires de tous les continents, de Banjul à Utrecht, Tunis, Subang Yaya ou San Leopoldo.
"Si nous voulons que les villes fonctionnent, nous avons besoin d'un environnement favorable. Nous devons reconnaître l’importance de la gouvernance pour améliorer la vie des gens partout dans le monde" a déclaré la directrice exécutive d'ONU-Habitat, Maimunah Sharif à l’ouverture de la table ronde, considérée comme un prolongement majeur de l'Assemblée mondiale des collectivités territoriales tenue le jour précédent.
"Nous demandons instamment à tous les gouvernements nationaux, infranationaux et locaux, ainsi qu'à tous les acteurs concernés, en accord avec les politiques et les législations nationales, de revitaliser, renforcer et créer des partenariats, et d’améliorer la coordination et la coopération, pour mettre en œuvre efficacement le nouvel agenda urbain et réaliser notre vision commune" (paragraphe 21 du Nouvel agenda urbain).
Le secrétaire général adjoint, administrateur adjoint et directeur du Bureau d’appui aux politiques et aux programmes du PNUD, Haoliang Xu, a animé le débat en insistant sur les liens forts existant entre le nouvel agenda urbain et les ODD.
Les discussions ont été organisées autour de points clés du Nouvel agenda urbain. Les maires et les ministres se sont exprimés sur la façon dont ceux-ci étaient liés à leur travail quotidien et sur les défis qui restaient à relever pour parvenir à la mise en œuvre effective de cet agenda.
Au cours du premier panel, les maires ont souligné l'importance de la décentralisation et de l'autonomie locale et régionale pour pouvoir agir et travailler conjointement à la mise en œuvre des agendas, en particulier pour qu’ils atteignent toutes les populations. Les maires et les ministres à l’unisson ont appelé à la mise en place de mécanismes de coordination appropriés et efficaces, afin de faciliter les relations entre les différents niveaux de gouvernement et permettre une mise en œuvre plus fluide des programmes sur le terrain.
« L'Agenda urbain imprègne tous les niveaux aux Pays-Bas : agenda urbain local, agenda urbain européen et nouvel agenda urbain au niveau international. Nous devons nous assurer que tous ces niveaux communiquent entre eux et produisent des résultats ». Jan Van Zanen, maire d'Utrecht, coprésident de CGLU.
Le rôle des communautés a également été souligné par les maires, en particulier par la Maire de Banjul, Rohey Malick Lowe, qui a expliqué comment le fait de prendre en compte les voix et les demandes de la société civile permettait d'améliorer la gouvernance, d'encourager la transparence et la redevabilité, et de fournir aux gouvernements locaux et régionaux des recommandations sur des questions telles que la parité hommes-femmes, la lutte contre les inégalités et le droit à la ville.
« Nous promouvons l'accès à la ville pour tous et nous veillons à ce que l'espace urbain soit accessible à tous en organisant un forum sur le développement urbain intégré, tenant compte des quatre volets du nouvel agenda urbain » Thembisile Nkadimeng, maire de Polokwane, coprésident de CGLU.
Tout au long de la session, les maires ont insisté sur la nécessité de bâtir des relations de confiance entre les différents niveaux de gouvernements pour réaliser les agendas, et sur le besoin de renforcer les compétences et d’accroître les ressources pour mener à bien les projets. Ils ont demandé aux représentants ministériels d'être à l'écoute des communautés et des collectivités territoriales qui en sont les représentants les plus proches.
« Des mécanismes de coordination doivent être mis en place. Si nous ne le faisons pas, nous ne parviendrons pas à conduire des politiques au bénéfice des citoyens. Le bon développement est celui qui place la population au centre », Chaoses R. Banda, ministre des Collectivités locales de Zambie.
Les ministres ont évoqué la question de la planification nationale, de l’appui à la diffusion des initiatives locales et des politiques nationales, et les efforts réalisés. Cela tout particulièrement dans les pays confrontés à des difficultés comme l'Afghanistan, où un programme de renforcement des capacités et des pouvoirs à la base a été engagé en partant d'un audit social, afin de permettre aux communautés de véritablement participer à la prise de décision.
« Nous encourageons les bonnes pratiques au moyen de subventions, pour inciter les conseils à être inventifs, et les communautés à reproduire les meilleurs exemples ». Noraini Roslan, maire de Subang Jaya.
« Nous reconnaissons l'importance des gouvernements locaux comme partenaires actifs dans le suivi et l'examen du nouvel agenda urbain à tous les niveaux et nous les encourageons à élaborer, conjointement avec les gouvernements nationaux et infranationaux, le cas échéant, des mécanismes de suivi et d'examen applicables au niveau local, notamment par l'intermédiaire d’associations et de plateformes appropriées. Nous envisagerons de renforcer, le cas échéant, leur capacité à y contribuer ». Paragraphe 163 du Nouvel agenda urbain.
Les ministres ont également souligné les efforts déployés dans les domaines qui touchent directement les populations. La fourniture de logements décents et les efforts en matière de financement des conseils locaux ont notamment été mis en avant par les représentants ministériels qui ont réaffirmé l'objectif que personne ne soit laissé pour compte.
« Nous travaillons à promouvoir des établissements humains durables en développant la planification et la fourniture de services de manière intégrée » Mmusi Kgafela, ministre du Développement des infrastructures et du logement, Bostwana
Notre mouvement a l’espoir de consolider ces débats au sein des Nations unies. Il nous faut aller au-delà de l’échange d’expériences et de l’expression des besoins. Les discussions doivent être plus fréquentes et plus fluides et se transformer en un dialogue structuré entre notre sphère de gouvernement, les Etats et le système international.