La crise liée au COVID-19 a un impact sur toutes les dimensions de nos vies, y compris sur la vie culturelle des villes à travers le monde. La session d’apprentissage en direct sur la culture et le COVID-19 de CGLU visait à mieux comprendre comment les villes et les gouvernements locaux réagissent à la crise.
La session d'apprentissage en direct qui a eu lieu le 22 avril, organisée en collaboration avec des partenaires de la Commission culture de CGLU, à savoir le Conseil International pour les Monuments et les Sites (ICOMOS) et la Fédération des Associations et Institutions de Bibliothèques (IFLA), a abordé la réponse culturelle du niveau local à la crise du COVID-19.
Des maires, maires adjoints et conseillers municipaux d’un large éventail de villes du monde entier ont partagé leur expérience et leurs apprentissages concernant la crise du COVID-19 au sein de leurs villes, ainsi que concernant son impact sur la vie culturelle locale. José Alfonso Suarez del Real, Secrétaire à la Culture de la Ville de Mexico; Enrique Avogadro, Ministre de la Culture du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires; Catarina Vaz-Pinto, Adjointe à la culture de Lisbonne; Berry Vrbanovic, Maire de Kitchener et Trésorier de CGLU; Joan Subirats, Adjoint à la culture et à l’éducation de Barcelone; Nicolás Montero, Adjoint à la culture de la ville de Bogotá; Luca Bergamo, Adjoint au Maire en charge du développement culturel de Rome; Chiribabu Maharjan, Maire de Lalitpur, ont présenté plusieurs mesures concrètes et programmes clefs que leurs villes ont mis en œuvre dans le but de faire face à la pandémie et à ses impacts; ont réfléchi ensemble au chemin à prendre pour la suite, et ont souligné la nécessité fondamentale de placer la culture au cœur des scénarios post-crise grâce à des politiques culturelles adaptées permettant de guider le rétablissement.
La session a également pu compter sur la présence de la Rapporteuse Spéciale des Nations Unies dans le champ des Droits Culturels, Karima Bennoune, le Professor Gyonggu Shin, du Centre International de Gwangju, Siphelele Ngobese, Chercheuse en matière d’Inclusion et Bien-être au sein du Réseau des Villes d’Afrique du Sud et Elena Shchukina, Directrice du Musée Municipal de Novossibirsk, ainsi que de Giorgio Ficcarelli, DEV-CO, Commission Européenne, Ege Yildirim, Point Focal pour les ODD à ICOMOS; et Gerald Leitner, Secrétaire Général d’IFLA.
Maimunah Mohd Sharif, Secrétaire Générale Adjointe des Nations Unies et Directrice Exécutive d’ONU-Habitat, a ouvert la session en mettant en évidence l’opportunité de repenser un futur plus durable à travers la perspective de la culture et de méthodes innovantes tels que les sessions d’apprentissage en direct : « La pandémie nous force à regarder au plus profond de nous-même. Mais la culture restera à la cime, car elle aide les villes à être plus résilientes. » a-t-elle souligné.
Elle a insisté sur la nécessité de capitaliser sur la culture dans une approche transversale, en tant qu’élément essentiel du rétablissement, en portant une attention particulière aux besoins des communautés et des demandes locales.
Dans son discours d’ouverture, José Alfonso Suárez del Real, Secrétaire à la culture de la Ville de Mexico et coprésident de la Commission culture de CGLU, a déclaré qu’étant donné que les sociétés urbaines ont été façonnées par la logique de la culture, la collaboration culturelle peut être la clef dans la construction du futur, au-delà de l’immédiateté et de l’urgence. Il a partagé la nouvelle initiative “Cultura en casa”, une plateforme numérique pensée pour amener la culture aux citoyens pendant le confinement, conjointement développée avec la Ville de Buenos Aires et d’autres villes en réponse à la crise.
La première table ronde, intitulée « Actions et défis locaux : l’impact de la crise et quelques mesures initiales » était facilitée par Jordi Pascual, coordinateur de la Commission culture de CGLU. L’objectif de cette table ronde était de comprendre comment les villes et les gouvernements locaux, et leurs initiatives, organisations, réseaux et acteurs culturels, réagissent à la crise.
Il a souligné la Déclaration sur « la Culture et la pandémie du COVID-19 », lancée lundi 20 avril 2020 dans le cadre de la campagne #culture2030goal, et visant à promouvoir la place de la culture dans les nouvelles initiatives (à venir et espérées) autour de l’Agenda 2030 des Nations Unies et les Objectifs de Développement Durable.
Joan Subirats, Adjoint en charge de la culture et de l’éducation de Barcelone, a présenté les 10 mesures mises en œuvre par la municipalité dans le but d’atténuer les effets de la crise du COVID-19 sur le secteur culturel.
Le Professor Gyonggu Shin, du Centre International de Gwangju, a rappelé que la Corée a été relativement impactée par le SRAS et d’autres épidémies récentes, et qu’à travers cela, la société a appris le fait de prendre des mesures rapidement est d’une importance cruciale pour gagner la bataille, tout comme l’est la coopération
À son tour, Nicolás Montero, Adjoint à la culture de la Ville de Bogotá, a présenté une série d’initiatives et a souligné que la solidarité et la création sont fondamentales dans la réponse de Bogotá apportée à la crise, et que les politiques publiques doivent intégrer les créateur.rice.s. Dans la même idée, Chiribabu Maharjan, Maire de Lalitpur, a donné de nombreux exemples des perturbations que cause la pandémie sur les activités culturelles.
Giorgio Ficcarelli, DEV-CO, Commission Européenne a rappelé que le secteur culturel est l’un des plus affectés par la pandémie, en grande partie à cause des systèmes de protection sociale fragiles et peu nombreux en place dans les villes, qui affectent davantage les professionnels de la culture.
De plus, Gerald Leitner, Secrétaire Général d’IFLA, a expliqué que l’impact du COVID-19 génère des difficultés et des défis particulièrement importants pour les bibliothèques, et a détaillé cinq mesures pour « une nouvelle normalité », c’est-à-dire la vie après la pandémie, qui tracera nécessairement un paysage différent pour la vie culturelle.
En réponse à ces interventions, Ege Yildirim d’ICOMOS, a mis l’accent sur les bénéfices du patrimoine culturel en tant que composante clef de la culture, affirmant qu’il permet de générer des espaces sûrs.
La deuxième table ronde, intitulée « Imaginer le monde de demain » était modérée par Emilia Sáiz, Secrétaire Générale de CGLU, qui a souligné la culture comme l’une des priorités clefs du réseau des gouvernements locaux, identifiée en tant qu’ « anecdote des effets secondaires » dans le Décalogue des Gouvernements Locaux et Régionaux pour l’après COVID-19, la Charte Politique de CGLU pour l’époque qui guidera le plaidoyer de CGLU dans les années à venir et au-delà de la crise.
« Nous n'atteignons la véritable humanité en tant qu'individus qu’ensemble, avec les autres. C’est ce que nous faisons avec les autres, nos valeurs, nos principes, nos coûtumes, de fait, nos cadres culturels, qui nous rend humains. C'est ce que nous léguons aux générations futures et qui doit nous aider à façonner l’après-covid ».
Luca Bergamo, Adjoint au Maire en charge du développement culturel de Rome et Vice-Président de la Commission culture de CGLU, souligné la nécessité pour les villes de développer une vision pour le futur qui soit centrée sur les droits culturels, comme la Charte de Rome (actuellement en cours d’élaboration) le suggère. Il a également appelé à la consolidation des financements et de mécanismes publics visant à aborder les inégalités en termes d’opportunités et d’accès à la vie culturelle.
En ligne avec cela, l’Adjointe au Maire en charge de la culture de Lisbonne, et coprésidente de la Commission culture de CGLU, Catarina Vaz-Pinto, a questionné notre capacité à inverser nos modes de vie, de consommation et de production, et a rappelé l’importance d’introduire la flexibilité, la durabilité et la créativité en tant que valeurs fortes dans la construction du futur de la culture dans le contexte de l’après-crise du Covid-19.
Elena Schukina, Directrice du Musée Municipal de la Ville de Novossibirsk a introduit la nouvelle stratégie développée par le musée de sa ville dans le but d’assurer un meilleur accès des citoyen.ne.s aux ressources et aux échanges culturels.
Karima Bennoune, Rapporteuse Spéciale des Nations Unies pour les Droits Culturels, a affirmé que la culture est au cœur de la réponse du COVID-19 et a souligné l’importance de davantage valoriser, à l’avenir, le travail des artistes. Elle a également mis en exergue le besoin pour la culture d’aborder plusieurs questions clefs, telles que l’égalité des genres, l’inclusivité, l’accessibilité et le climat.
Berry Vrbanovic, Maire de Kitchener et Trésorier de CGLU, a expliqué comment l’articulation entre les niveaux local, fédéral et national a été clef au Canada dans le développement de mécanismes de soutien financier efficaces, en particulier dans la réponse du Gouvernement à l’impact de la crise sur les secteurs artistiques et culturels.
Enrique Avogadro, Ministre de la culture du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires et coprésident de la Commission culture de CGLU, a mis l’accent sur la coopération en tant que composante clef dans la récupération du dynamisme social et culturel des villes, et a également souligné l’important rôle des secteurs alternatifs, indépendants et de base en tant qu’acteurs locaux clefs.
Ensuite, Siphelele Ngobese, du Centre des Villes d’Afrique du Sud, a souligné le besoin de réfléchir sur la brèche numérique et les possibles effets qu’elle peut causes, notamment en termes d’impact sur la participation démocratique et l’accès aux opportunités.
Finalement, José Alfonso Suárez del Real a conclu le débat rappelant qu’il est critique de fonder le futur sur les droits culturels, en tant que droits humains fondamentaux, et de construire les politiques et les stratégies pour la solidarité sur le long terme, avec une approche inclusive et intégrale, et dans le but de réaliser des sociétés et des communautés plus démocratiques en ligne avec l’Agenda 2030.
La session s’est terminée sur une vidéo : le Couch Choir singing “Heroes”.
Les exercices d'apprentissage en direct se poursuivront tout au long du mois et auront lieu les mercredis et les jeudis pendant la crise. Les finances locales, le développement économique local et l'informalité feront partie des sujets abordés, alors que les villes du monde entier cherchent à surmonter les difficultés grâce à une nouvelle génération de solutions.
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