L’impact mondial de la pandémie de COVID-19 a touché toutes les facettes de la vie publique et privée sous diverses formes. Parmi les principales mesures préventives, on peut citer la distanciation physique, la restriction des déplacements, la restriction de l’accès aux espaces publics et le renforcement des protocoles d’hygiène, pour n’en citer que quelques-unes. Si ces mesures sont mises en œuvre dans l’intérêt de la santé et du bien-être publics, elles ont souvent des conséquences inattendues sur la limitation de l’accès à l’espace public, en particulier sur la santé mentale et le bien-être des jeunes, des enfants et des personnes âgées.Pascal Smet, secrétaire d’Etat de la région de Bruxelles-Capitale, a souligné l’importance des « espaces où les gens peuvent se rencontrer », comparant les espaces publics aux salons des maisons pour souligner à quel point ils sont essentiels pour les communautés, tout en appelant à rendre l’espace public aux communautés et à le soustraire au transport privé et aux voitures.
L’expérience #CitiesAreListening sur l’espace public et la santé mentale, organisée par CGLU, ONU-Habitat et Metropolis, en collaboration avec Placemaking X et soutenue par la Commission de planification stratégique urbaine de CGLU, a permis aux gouvernements locaux et régionaux et à leurs partenaires de débattre des effets de la pandémie sur la santé mentale de nos populations, ainsi que de l’importance de l’espace public dans la relance et de notre relation avec les espaces verts et publics à la suite de la pandémie. Les participant·e·s ont également souligné que les espaces publics sont des générateurs de moyens de subsistance dans les villes, en tant qu’espaces permettant de garantir des villes saines au-delà de la pandémie, et ont abordé la question du rôle de ces éléments structurants dans le renforcement de la résilience des villes après le COVID-19.
La secrétaire générale de CGLU, Emilia Saiz, a introduit l’esprit de CitiesAreListening, en soulignant l’importance d’écouter les partenaires et les communautés en tant qu’axes de transformation de nos sociétés, ainsi que la façon dont la pandémie a révolutionné nos priorités et placé la santé mentale au centre. Elle a déclaré que « l’importance de la santé physique et mentale des populations devient une priorité pour les gouvernements locaux et régionaux. Nous devons être honnêtes sur nos fragilités, et changer les priorités définies dans le passé. »
Dans le cadre d’une table ronde modérée par Tollulah Oni, principale associée de recherche clinique de l’unité d’épidémiologie du MRC de l’université de Cambridge, l’experte en santé mentale Karen Obrecht, psychiatre à l’hôpital de New South Wales à Sydney, et l’expert en espace public Ethan Kent, de Placemaking X, ont abordé la montée en flèche des problèmes de santé mentale tout au long de la pandémie, la qualifiant de « tsunami des maladies mentales », et ont mis en garde contre la façon dont elle affecte de manière disproportionnée les jeunes dans les environnements urbains défavorisés. Elle/il ont également abordé l’importance de l’interaction et de la création d’une communauté par le biais d’activités de création d’espaces publics comme antidote aux troubles de santé mentale.
La consultation interactive qui a suivi ces présentations complémentaires a été présentée par Puvendra Akkiah, coordinateur de la planification du développement intégré à Durban et coordinateur de la Commission de planification stratégique urbaine de CGLU, qui a rappelé l’importance de l’espace public dans le travail effectué par la Commission, ONU-Habitat et Metropolis au cours de l’année écoulée, confirmant que l’espace public est un levier critique de changement dans l’élaboration des politiques. Face à la pandémie, cette session peut nous guider vers des opportunités d’action.
Tout au long de la consultation, les participant·e·s ont abordé la question de savoir comment les gouvernements locaux et régionaux pouvaient soutenir la santé mentale de leurs populations en améliorant les services de base et en facilitant l’accès aux espaces verts. Ils ont également évalué ce qu’ils considéraient comme la principale fonction de l’espace public pendant la crise : un espace de socialisation, de loisirs et de détente permettant de déconnecter de la réalité de l’épidémie – ce qui a été vu comme plus important même que la fonction environnementale.
Le panel des villes a été introduit par Jorge Giorno, chef du bureau de stratégie de la ville de Buenos Aires et coprésident de la Commission de planification stratégique. Il a rappelé le pouvoir de la mise en réseau qui permet à une session comme celle-ci d’être immédiate, pratique et cohérente dans la politique et dans la pratique.
Les villes et les régions ont abordé la relation entre l’espace public et le bien-être des communautés. Claudia Niedzela-Felber, qui dirige le programme social des centres communautaires de Munich, a souligné que les adolescent·e·s et les personnes âgées étaient les groupes qui souffraient le plus de l’isolement sur le plan psychosocial. Pour elles et eux, a-t-elle affirmé, tous les espaces publics sont essentiels ; des espaces suffisamment grands pour servir de point de rencontre, et qui peuvent être utilisés pour se réunir sans déranger et sans être sous contrôle permanent.
Pascal Smet, State Secretary of the Brussels Capital region was highlighting the importance of “spaces where people can meet”, likening public spaces to the living rooms of people’s homes to underscore how central they are for communities, all the while calling for giving public space back to communities and taking it from private transportation and cars.
Ces points ont été repris par Silvia Collin, conseillère municipale de Buenos Aires, qui a affirmé que « nous devons récupérer des espaces pour l’autonomisation de nos communautés » et a appelé à encourager la valeur de la proximité pour surmonter la pandémie.
Paola Andrea Ricardi, directrice de la coordination des politiques d’égalité de La Paz, a souligné l’importance de s’occuper de la santé mentale pour garantir des villes de paix et éviter la violence. L’accent, a-t-elle dit, « doit être mis sur le dialogue et l’empathie pour pouvoir surmonter la souffrance et l’angoisse qui accompagnent la pandémie. »
Le dialogue des villes a été suivi par la présentation du « Guide de référence sur l’intégration de la santé dans la planification urbaine et territoriale » par Laura Petrella, cheffe de la section planification, finance et économie d’ONU-Habitat, qui a appelé à la nécessité de « renforcer plus d’interaction entre la santé, et la planification et le développement urbains pour concevoir de meilleurs espaces publics et des résultats en matière de santé mentale. »
La conversation qui s’en est suivie entre les panélistes et les participant·e·s a été modérée par Octavi de la Varga, secrétaire général de Metropolis, qui a souligné la façon dont la pandémie a mis en évidence la valeur de l’espace public en tant qu’espace critique pour l’interaction humaine. Il a également évoqué le travail déjà réalisé par Metropolis sur les approches de genre de l’espace public, et la façon dont « nous avons maintenant l’occasion de mener la discussion depuis une autre perspective », en abordant les liens entre les deux agendas. Barbara Holtmann, auteur de l’Initiative pour des communautés sûres à Durban, a souligné la nécessité de relier l’agenda du changement climatique et celui de l’espace public, et de les aligner de manière à rassembler les personnes et renforcer leur indépendance. Nathalie Roebbel, coordinatrice pour la pollution de l’air et la santé urbaine à l’OMS, a également souligné l’importance de travailler sur les domaines des espaces publics et de la santé mentale dans le Sud, en analysant les différences d’accès à l’espace public entre les pays et la nécessité de s’attaquer également aux inégalités au sein des pays et des communautés.
Cecilia Andersson, directrice du programme mondial de l’espace d’ONU-Habitat, a conclu la session en appelant à la nécessité de rassembler les partenaires qui s’engagent en faveur d’un espace public équitable afin de s’assurer que tout le monde puisse en profiter de manière égale. Elle a également souligné la façon dont les contributions partagées par les participant·e·s allaient pouvoir alimenter le renouvellement du contrat social. Sara Höflich, directrice de l’équipe d’apprentissage de CGLU, a clôturé la session en soulignant qu’il pouvait s’agir d’un point de départ pour d’autres travaux et échanges de pratiques qui peuvent s’inspirer les uns des autres, non seulement par des activités d’apprentissage, mais aussi par une fertilisation croisée et une action locale dans le cadre de l’agenda de CGLU sur la paix et la santé.