Dans le cadre du pré-sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires (26-28 juillet 2021), la session parallèle « Prestation de services publics locaux et droit à l'alimentation », coorganisée le 27 juillet par CGLU, Barcelone, Capitale mondiale de l'alimentation durable en 2021, Metropolis, ONU-Habitat et le Réseau femmes et Habitat d'Amérique latine et des Caraïbes, a abordé la transformation de nos modèles de production et de consommation, et la nécessité d'ancrer nos systèmes alimentaires dans la solidarité, en plaçant au centre les soins envers les personnes et la planète.
Emilia Saiz, secrétaire générale de CGLU, a plaidé pour la nécessité de considérer les villes au-delà de leur rôle de consommatrices/distributrices : nous devons également envisager l'égalité dans les systèmes alimentaires, le rôle que joue la nourriture dans l'écosystème et notre cheminement vers des moyens durables de production et de consommation, ainsi que vers l'accès universel à une alimentation durable et nutritive.
« Nous devons prendre conscience des espaces que nous devons réclamer et mûrir nos discussions sur les espaces que nous devons occuper. Faire des recommandations concrètes est essentiel à notre discussion », a déclaré Emilia Saiz, secrétaire générale de CGLU, en rappelant que le collectif des gouvernements locaux et régionaux doit avoir un siège dans les mécanismes internationaux sur l'alimentation, comme la Commission de la sécurité alimentaire. Compte tenu des résultats possibles du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires en septembre cette année, elle a également soutenu une coalition d'action sur les villes, avec un rôle actif et de premier plan pour le collectif organisé des gouvernements locaux et régionaux.
Álvaro Porro, commissaire à l'économie sociale, au développement local et à la politique alimentaire de Barcelone, a présenté les recommandations politiques issues de l'expérience #CitiesAreListening sur les systèmes alimentaires urbains, qui a eu lieu plus tôt cette année. La justice alimentaire, a-t-il soutenu, fut un thème exploré au cours de la session, et il est temps d’aller plus avant et de réfléchir à la justice alimentaire lors du prochain Sommet sur les systèmes alimentaires et de la COP26.
« Nous devons réussir à donner une voix à une voix qui n'est pas représentée à l'ONU : donner la perspective du rôle que les villes peuvent jouer dans les systèmes alimentaires. » Álvaro Porro, commissaire à l'économie sociale, au développement local et à la politique alimentaire de Barcelone
La table ronde qui a suivi a été animée par Firdaous Oussidhoum, conseillère spéciale de la secrétaire générale de CGLU, et a présenté des représentant·e·s des villes et des régions, ainsi que des réseaux de gouvernements locaux et régionaux, du système des Nations unies et de la société civile.
Abdelali El Bakkali, chargé de division d’environnement et coopération de Chefchaouen, a souligné les efforts déployés pour former les travailleurs/travailleuses agricoles aux systèmes alimentaires et pour améliorer la sécurité des activités agroalimentaires, notamment pendant la pandémie. Candaş Balta, responsable des relations extérieures de la municipalité de Seferihisar et secrétaire général de Cittaslow Turquie, a également relaté l'expérience de sa ville en matière de systèmes alimentaires, notamment l'organisation d'un festival dédié à l'échange de semences pour garantir que les cultures locales soient largement disponibles.
Constance Koukoui-Adjolohoun, de Cités Unies France, a plaidé pour la nécessité pour les gouvernements locaux et régionaux de prendre leur place au niveau international pour assurer une stratégie alimentaire qui fait face à l'urgence climatique et améliore la résilience des systèmes alimentaires mondiaux, fondée sur une collaboration active entre parties prenantes locales, notamment pour sensibiliser et éduquer les populations sur les systèmes alimentaires.
Maité Rodriguez, du Réseau femmes et Habitat d'Amérique latine et des Caraïbes, a présenté la question des droits à l'alimentation, qui, selon elle, doit être comprise comme transversale et inclure la consommation, la distribution et la vente de nourriture, ainsi que la nécessité de prendre en compte l’égalité des genres et d'inclure les femmes dans les actions climatiques et de résilience.
« Depuis les groupes de femmes, nous soulevons la question du développement urbain différent, pour combler les lacunes urbaines, et la question des systèmes alimentaires urbains est essentielle. Les soins et les femmes doivent être au centre des systèmes alimentaires. » Maité Rodriguez, Réseau femmes et Habitat d'Amérique latine et des Caraïbes.
Rafael Forero, d’ONU-Habitat, a souligné l'importance des approches territoriales et de la collaboration multipartite comme voie à suivre pour garantir des systèmes alimentaires sains. Juan Carlos García y Cebolla, de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a abordé les transformations nécessaires pour les approches fondées sur les droits des systèmes alimentaires, exhortant les gouvernements nationaux et toutes les parties prenantes à repenser la gouvernance pour garantir le droit à l'alimentation, et à mobiliser les capacités et les ressources pour apporter des solutions aux citoyen·ne·s.
Vicente Domingo, directeur du centre mondial d'alimentation urbaine durable de Valence (CEMAS), a prononcé le discours de clôture de la session et a plaidé pour la nécessité d'écouter les jeunes générations, y compris les enfants et les adolescent·e·s, qui sensibilisent déjà à la nécessité de transformer nos systèmes alimentaires, et de faire entendre à nos dirigeant·e·s qu’il faut transformer nos modèles et développer un nouvel ordre avec les droits humains et la dignité au centre.
« La sphère locale est un espace ouvert et valorisant la créativité et l'identité. A l'heure où nous avons à notre portée le pouvoir de nourrir le monde entier, il est vital de résoudre ce déséquilibre. » Vicente Domingo, directeur, centre mondial d'alimentation urbaine durable de Valence (CEMAS).
Les discussions autour du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires soulignent la nécessité d'approches intégrées à travers une série de thèmes, convertissant ainsi le programme d'action vers des systèmes alimentaires durables en tant que point d'entrée pertinent pour d'autres agendas mondiaux, comme ceux sur le changement climatique, la biodiversité, le genre et de nombreux autres. À l'avenir, CGLU continuera à contribuer au travail sur les systèmes alimentaires urbains et au groupe de travail ad hoc sur la gouvernance territoriale, ainsi qu'à soutenir l'engagement du collectif des gouvernements locaux et régionaux, en particulier en vue du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires, en septembre 2021 ; du 7e Forum mondial du Pacte sur les politiques alimentaires urbaines de Milan (MUFPP) organisé à Barcelone du 19 au21 octobre 2021 ; de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (CBD COP 15), du 11 au 24 octobre 2021 ; et de la Conférence de Glasgow sur le changement climatique (CCNUCC COP 26), du 1er au 12 novembre 2021.
- Vous pouvez lire les recommandations politiques résultant de l'expérience #CitiesAreListening sur les "Systèmes alimentaires urbains" : la nutrition et l'urgence climatique, qui ont été présentées au cours de cette session parallèle.