La conférence sur l’Égalité, l’Inclusion et la Diversité s’est tenue à Bilbao du 11 au 13 juin 2018. Sous le slogan « la différence nous unit », les sessions auxquelles ont participé les différents acteurs, les nombreux gouvernements locaux et régionaux, ainsi que les divers parties prenantes venus du monde entier ont permis d’alimenter la réflexion sur une société meilleure et plus égalitaire pour toutes et tous. Aux côtés de la section régionale européenne CCRE-CEMR et du gouvernement local de la Ville de Bilbao, CGLU Femmes a profité de cette occasion pour investir la campagne #becounted sur plusieurs sujets liés à l’égalité des genres, et pour poursuivre le travail entrepris sur la reconnaissance et la garantie que les femmes prennent part aux prises de décisions politiques mondiales et locales.
Le Maire de Bilbao, Juan María Aburto, a souhaité la bienvenue aux participants lors de la session plénière d’ouverture, soulignant l’importance de reconnaitre que « les différences nous nourrissent et nous rendent plus forts, et pour cette raison, cette conférence doit être une plateforme favorisant la création de nouvelles opportunités pour que personne ne soit laissé pour compte ».
Sachant que, comme l’a rappelé la journaliste Vanessa Sánchez, seuls 28% des maires de l’Union Européenne sont des femmes, la présence de femmes élues a été très importante et a eu un grand impact au cours des 3 jours de conférence, où des personnalités aussi importantes que le Prix Nobel de la Paix, Rigoberta Menchú, ont rappelé le rôle des autorités locales comme agents de la transformation sociale, puisque c’est au niveau local et régional que demeure la possibilité d’écouter.
« Les gouvernements locaux sont élus pour transformer les villes, je suis municipaliste à l’échelle du monde entier car c’est à l’échelle des villes que réside les gens et leurs pratiques quotidiennes, et surtout, leur espoir de continuer à construire » - Rigoberta Menchú, Prix Nobel de la Paix.
Elle a également rappelé la valeur de la participation des femmes pour mener à bien cette action transformatrice de la société, ainsi que l’importance de disposer, au-delà d’une stratégie et de politiques, d’une législation qui défende et qui légitime les femmes dans les postes de décision.
Animer les femmes et les filles à la participation
Une session s’est tenue le 12 juin sur la participation, la politique et le pouvoir, dont la thématique phare était l’égalité des genres comme condition préalable au développement durable. En première partie de session, Malika Ghefrane Giorgi, conseillère spéciale du REFELA (Réseau des Femmes Élues Locales d’Afrique), a partagé des idées sur l’aspect fondamental d’éduquer et d’alphabétiser les femmes pour leur permettre l’accès à la prise de décisions et aux postes de pouvoir. Ceci a été, pour le REFELA, un pilier de travail pour le développement du leadership politique des femmes en Afrique. En ces termes, elle a souligné la bonne idée que serait, par exemple, la réunion de 5 grandes dirigeantes africaines et de 5 grandes dirigeantes de l’Union Européenne dans le but de développer un projet de Charte – Réunion Afrique-Union Européenne, en lien avec le besoin d’intégrer l’autonomisation des femmes à l’éducation.
« Il y a des projets. Unissons-nous et structurons-nous pour développer une stratégie et avancer ensemble » - Malika Ghefrane Giorgi, conseillère spéciale du REFELA.
D’autre part, Begoña Lasagabaster, cheffe de la section Leadership et Gouvernance d’ONU Femmes, a mis en exergue l’importance de comptabiliser le nombre de femmes aux postes de décisions au niveau local dans la mesure où actuellement, il n’existe ni méthodologie, ni système de comptabilité pour évaluer le nombre de femmes qui prennent part à la vie politique locale. Elle a également rappelé qu’étant donné que la prise de décision au niveau local peut prendre des formes multiples et variées, la première étape serait de définir clairement au niveau mondial ce que l’on entend par « niveau local », ainsi que ce que l’on comprend par « poste à responsabilité ».
« Lorsque nous avons compris ce que signifiait l’autonomisation des femmes, alors s’est initiée la campagne #becounted afin de cartographier et de valoriser les femmes qui participent à la vie locale en politique, et qui sont à même de prendre des décisions de haut niveau politique » - Begoña Lasagabaster, cheffe de la section Leadership et Gouvernance d’ONU Femmes.
Parce que ce qui ne se compte pas n’existe pas, il est nécessaire que la participation des femmes soit reconnue et valorisée. Là où il y a une femme, les sujets liés aux conditions de vie sont davantage travaillés, davantage d’accords sont négociés et davantage de conflits trouvent une solution.
Le gouvernement ouvert comme pilier de l’égalité et de l’inclusion sociale
La promotion d’un gouvernement ouvert favorisant la stimulation d’une citoyenneté active dans le but de localiser les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment en particulier l’ODD 5, sur l’égalité des genres, a également été l’un des principaux sujets de discussion traités par CGLU pendant cet événement.
Emilia Saiz, modératrice de la session sur la gouvernance ouverte et Secrétaire Générale de CGLU, a présenté la communauté de pratique de la transparence et Gouvernement Ouvert de CGLU, récemment créée, qui tente de renforcer la participation directe des citoyens, et travaille sur les manières d’interagir avec les outils numériques et traditionnels, en favorisant l’ouverture des données dans un but de transparence. Cette configuration est un élément clef pour l’égalité entre tou.te.s les citoyen.ne.s, ainsi que pour consolider des engagements avec la société civile.
Luzette Kroon, maire de Waterland, a affirmé dans ce sens que dans sa ville, « il y a une 4ème génération de citoyen.ne.s impliqué.e.s dans la participation, et ce de manière toujours plus engagée. Les citoyen.ne.s participent aux décisions de développement local, et ce sont eux qui proposent désormais les initiatives que la ville soutient et met en œuvre ». Si les femmes souhaitent pouvoir participer à la construction du futur, elles doivent avoir un espace adéquat au sein de ces mécanismes participatifs pour pouvoir le faire.
Représentant l’OIDP, Ricardo Rio, Maire de Braga, a présenté l’Observatoire International de la Démocratie Participative (OIDP), qui reconnaît tous les types d’initiatives de participation qui cette année, seront partagées pendant la Conférence de l’OIDP à Barcelone du 25 au 27 novembre 2018. Cela a été de surcroît l’occasion de réaffirmer que les Maires et les Mairesses doivent « mettre en œuvre des dispositifs permettant de rassembler les institutions sociales, la société civile, les entreprises, les universités, ainsi que les associations de femmes et de jeunesse autour d’une vision partagée du futur souhaité ».
L’égalité des genres, essentielle pour la coopération décentralisée
Finalement, le 13 juin, dernier jour de la conférence, a permis de présenter les conclusions sur ce qui avait été appris sur l’égalité entre les hommes et les femmes en tant qu’Objectif de Développement Durable incontournable, afin de relever les défis compris dans l’Agenda 2030.
Emil Broberg, vice-président de la Commission Permanente pour l’Égalité des Femmes et des Hommes dans la Vie Locale du CEMR a clôturé la conférence en affirmant que « la nécessité d’inclure les hommes dans la lutte pour l’égalité des genres est au moins aussi importante pour les hommes. Ensemble, nous pouvons atteindre bien plus ». Une idée partagée par le président de cette même commission, et Maire de Galdakao, Ibon Uribe, qui a affirmé qu’ « il n’existe pas de politiques neutres. Il n’y a pas d’actions, ni de décisions, qui n’affectent pas l’un ou l’autre genre, et par conséquent, nous sommes toutes et tous concernés ».
Dans cette perspective, à travers les mots de l’une des principales femmes ayant co-créé la Charte Européenne de l’Égalité, Edité Estrela, actuelle présidente de la commission de la culture, de la communication, de la jeunesse et des sports de l’Assemblée de la République du Portugal, « nous avons besoin de bien plus de femmes aux postes de décisions au sein des pouvoirs politiques et économiques afin d’améliorer la vie des hommes et des femmes de nos territoires ».
Comme cela a pu être constaté avec la participation des réseaux d’élues et de mairesses, les femmes sont en train de s’unir et de se lever, avec l’objectif d’être comptabilisées, de faire entendre leur voix et ainsi avoir davantage de pouvoir dans les prises de décisions politiques. L’heure est venue pour la communauté internationale de construire une société plus durable, rendant les femmes plus visibles à travers leur participation, à travers l’éducation, à travers la culture et à travers une gouvernance plus transparente et durable. Car, lorsqu’une femme entre en politique, prenant ainsi part à la construction de la société future, alors cette dernière va vers davantage d’égalité, davantage de diversité et davantage d’inclusion sociale ».
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